Lorsqu’il s’agit de déterminer le niveau de provisionnement d’un régime de retraite à prestations déterminées sur base de continuité, la méthode actuellement employée par les actuaires consiste à déterminer le passif du régime au moyen d’un taux d’actualisation basé sur le rendement prévu des placements de la caisse de retraite (la méthode « traditionnelle »). D’autre part, les économistes financiers préconisent l’utilisation d’un taux d’actualisation basé sur les rendements du marché des obligations de qualité supérieure, avec un niveau de risque suffisamment faible, et dont les flux monétaires correspondent assez bien aux paiements de prestations prévus, quelle que soit la manière dont les actifs du régime sont investis (la méthode de l’« économie financière »). Ce document porte sur le choix du taux d’actualisation pour évaluer le niveau de provisionnement des régimes à prestations cibles. Un régime à prestations cibles en est un qui cherche à procurer un revenu de retraite ciblé à ses participants par la mutualisation des risques économiques et démographiques et pour lequel l’obligation de provisionnement de l’employeur est prédéfinie, alors que les prestations des participants peuvent être rajustées à la hausse ou à la baisse par rapport à la cible. Du point de vue de la gestion du risque d’iniquité intergénérationnelle, il est proposé dans le document que le seul taux d’actualisation permettant d’évaluer le niveau de provisionnement d’un régime à prestations cibles qui puisse servir les intérêts des participants était celui basé sur la méthode traditionnelle. Pour soutenir cette proposition, nous effectuons des simulations de Monte Carlo portant sur trois régimes modèles afin de démontrer l’impact des deux méthodes sur la distribution du patrimoine retraite.