Dans le cadre de la Journée internationale des femmes, nous nous sommes entretenus avec Narissa Dedhar, FICA. Elle travaille dans le domaine des services-conseils en assurance vie depuis plus de cinq ans et occupe le poste de directrice au cabinet Oliver Wyman.
Narissa nous a fait part de ses réflexions sur sa carrière d’actuaire, sur la diversité en milieu de travail et sur la façon d’attirer davantage de femmes vers le domaine de l’actuariat, dans l’espoir d’inspirer et d’inciter plus de femmes à y faire carrière.
Pour commencer, pourriez-vous nous expliquer un peu votre rôle en tant qu’actuaire et en quoi consiste votre travail?
Narissa : Je travaille actuellement au bureau de Toronto du cabinet Oliver Wyman, un cabinet-conseil international en actuariat. Mon rôle consiste essentiellement à aider nos clients à résoudre des problèmes à l’aide de concepts actuariels. Notre clientèle est constituée généralement de compagnies d’assurance, de banques, de compagnies de réassurance et même de cabinets d’avocats.
Parlez-nous de quelques-unes de vos réalisations, tant dans le domaine actuariel que dans le contexte professionnel en général.
Narissa : Pour n’importe quel actuaire, je crois, la plus grande réalisation est l’obtention du titre de Fellow de l’ICA. J’ai obtenu le mien il y a quelques années. Plus récemment, je ressens un sentiment d’accomplissement du fait d’en être arrivée à un point dans ma carrière où l’on me considère comme une experte dans un certain domaine. Le syndrome de l’imposteur est réel, mais la reconnaissance professionnelle fait un très grand bien.
Plus précisément, j’ai le souvenir d’un collègue de même échelon qui m’a demandé conseil sur un sujet particulier. Cela est très gratifiant lorsque vos collègues commencent à vous reconnaître comme la personne à consulter dans un certain domaine. Cela valide votre expertise et tous les efforts que vous avez mis dans votre travail. Cette reconnaissance a eu pour effet de renouveler ma confiance en mes capacités et je suis reconnaissante d’avoir l’occasion de mettre mes connaissances et mon expérience au service de mon équipe.
Et pourquoi, selon vous, est-il important de célébrer la Journée internationale des femmes?
Narissa : Cela est important pour de nombreuses raisons. Pour moi, la plus importante est de montrer aux filles qu’il est possible pour une femme de réussir, même dans un domaine dominé depuis toujours par les hommes.
Le fait d’être une femme a-t-il semé des obstacles dans votre carrière? Le cas échéant, comment les avez-vous surmontés?
Narissa : J’ai eu beaucoup de chance d’évoluer dans un lieu de travail qui favorise la diversité en général, y compris celle de genre. Heureusement, je n’ai pas eu d’obstacles à surmonter du fait que je suis une femme. J’espère qu’il en sera de même pour toutes les femmes dans leur cheminement de carrière.
La diversité est un sujet chaud dans les milieux de travail depuis quelques années. Pourquoi la diversité en milieu de travail est-elle si importante selon vous?
Narissa : La diversité en milieu de travail est importante pour différentes raisons. L’une d’entre elles, que je suis en mesure d’observer tous les jours, est le fait qu’elle contribue à la diversité de pensée. Un groupe diversifié permet d’aborder un problème sous plusieurs angles grâce aux expériences uniques de chacun et chacune. Il peut donner lieu à des solutions créatives et innovantes qui n’auraient peut-être pas existé sans cette diversité. Dans un cabinet-conseil, c’est le moyen d’offrir à nos clients une valeur optimale.
Le thème de la Journée internationale des femmes en 2023 est #EmbraceEquity (encourager l’équité). Avez-vous des suggestions quant à la manière dont la profession pourrait mieux parvenir à l’équité et devenir plus inclusive?
Narissa : L’équité diffère de l’égalité en ce sens qu’elle reconnaît que nous ne partons pas tous et toutes du même point, et que le traitement égal n’est pas toujours l’option la plus juste. Nous devons faire l’effort d’offrir des occasions d’emploi aux personnes qui n’en bénéficient pas actuellement. Par exemple, il ne s’agit pas simplement d’être diversifié dans les pratiques d’embauche actuelles, mais d’examiner aussi ces pratiques et de les élargir afin d’inclure un groupe plus diversifié dès le départ, même si cela nécessite d’avantage d’effort.
Alors, afin de mieux diversifier et de rendre plus équitable le milieu actuariel, que pouvons-nous faire pour attirer les femmes en plus grand nombre vers la carrière en actuariat?
Narissa : Je suis une grande partisane de la sensibilisation précoce — nous devons inciter davantage de filles à s’intéresser aux STIM dès leur jeune âge. Cela dit, dans le cas de l’actuariat en particulier, je crois que le fait d’avoir d’éminents modèles féminins dans l’industrie est un bon départ.
Par ailleurs, nous devons cibler expressément les femmes, peut-être en offrant des bourses d’études en actuariat destinées aux femmes ou en organisant des foires de l’emploi en actuariat dans le cadre de la Journée internationale des femmes. Avec le temps, peut-être que l’équilibre s’établira, que nous n’aurons plus besoin d’un traitement particulier à l’égard des femmes et que nous parviendrons à une véritable égalité.
Et que peuvent faire, selon vous, les acteurs du milieu actuariel (employeurs et collègues actuaires) pour mieux encourager les femmes qui évoluent déjà dans ce milieu?
Narissa : Les biais inconscients contribuent de manière importante au traitement inégal auquel ont droit les femmes qui sont déjà sur le marché du travail. Je crois que nous pouvons encourager les femmes en mettant l’accent sur les biais inconscients, en nous y attaquant et en veillant à tenir les gens responsables lorsqu’ils agissent sur la base de ceux-ci.
La création de groupes de soutien ou de ressources à l’intention des femmes et de leurs porte-parole est aussi une excellente idée. Chez nous, il existe un groupe de ressources à l’intention des employés appelé WOW (« Women of Oliver Wyman »). Bien qu’il ne vise pas expressément l’actuariat, il défend les intérêts des femmes en faisant de la sensibilisation et en offrant du soutien au besoin. J’ai rencontré plusieurs modèles féminins inspirants grâce à ce groupe.
Enfin, quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui envisagent de faire carrière dans le domaine de l’actuariat ou d’y faire progresser leur carrière?
Narissa : Je vous en prie, continuez d’aller de l’avant, nous serions ravis de vous compter parmi nous! Il est parfois difficile de ne pas céder aux pressions sociales et aux obstacles qui peuvent se dresser sur son chemin. Je ne peux pas promettre que ce sera toujours facile. J’ai eu beaucoup de chance, mais je sais que d’autres n’ont pas eu cette chance. Je peux cependant affirmer en toute confiance que vous ne réussirez certainement pas si vous n’essayez pas.
Toute jeune femme qui souhaite devenir actuaire sera en mesure d’atteindre cet objectif, j’en suis convaincue. Et toutes les femmes de l’ICA seraient ravies de lui donner un coup de main en cours de route, de toutes les manières possibles. Vous êtes la prochaine génération d’actuaires qui adhérera pleinement à l’égalité des sexes!
Cet article présente l’opinion de la personne interviewée et ne constitue pas un énoncé officiel de l’ICA.
Sur la base des constatations provenant d’un groupe de discussion constitué de femmes actuaires issues de divers horizons, l’ICA a publié un guide qui propose aux employeurs des stratégies visant à réduire les obstacles pour les femmes dans la profession actuarielle. Passez-le en revue afin de prendre connaissance de conseils précieux et de mesures concrètes qui permettront d’améliorer l’environnement de travail des femmes et de favoriser les possibilités de développer leur carrière.