Cet article a été publié initialement dans l'(e)Bulletin de l’ICA.
1. Qu’est-ce qui vous a incitée à poursuivre une carrière en actuariat?
À la fin de mon B.Sc. en mathématiques à l’Université Queen’s, je n’avais toujours pas entendu le mot « actuaire ». C’est un étudiant de ma promotion qui m’a fait connaître l’actuariat. Son oncle était actuaire et mon ami avait commencé à passer les premiers examens. Ce dernier croyait qu’ils pourraient m’intéresser et m’a suggéré de les passer moi aussi. Il m’a expliqué le processus et il m’a généreusement prêté ses manuels et ses notes pour les premiers examens. J’étais enthousiasmée à l’idée de faire une carrière m’amenant non seulement à appliquer la mécanique des mathématiques, mais aussi à exercer davantage mon jugement et mon discernement que je ne l’aurais fait dans une des professions que j’envisageais.
2. Comment avez-vous trouvé le processus des examens? Vous a-t-il posé des défis particuliers?
Il m’a semblé très long. Quand on me demandait comment j’arrivais à garder le cap, je plaisantais en me comparant à une chèvre de montagne qui met un pied devant l’autre sans oser lever les yeux sur le chemin qui reste à gravir par peur de se décourager. Certains examens étaient plus intéressants que d’autres. J’ai vraiment aimé les premiers examens; il s’agissait d’énigmes plus que d’examens. Faire les examens de niveau Fellow constitue un exercice parfois frustrant, car ils ne portent pas directement sur le domaine que j’ai choisi, l’expertise devant les tribunaux. Certes, les examens de niveau Fellow m’ont permis d’affiner des compétences qui profiteront à ma carrière, mais les connaissances acquises me seront peu utiles dans mes tâches courantes. Je me réjouis d’avoir terminé les examens et je suis très reconnaissante envers mes amis et ma famille, qui m’ont soutenue tout au long du processus!
3. Quelles sont vos responsabilités professionnelles actuelles? Pourriez-vous nous décrire le genre de travail que vous faites?
Je travaille dans le domaine de l’expertise devant les tribunaux. Je suis associée chez GML Services actuariels, un cabinet d’actuaires d’Ottawa, qui rédige des rapports destinés à servir d’éléments de preuve dans des litiges au civil et dans des procédures en droit de la famille. Je produis des rapports qui quantifient les pertes financières causées par des événements comme des dommages corporels, un congédiement injustifié ou un décès. Parmi les exemples courants de pertes financières que nous évaluons dans le cadre de litiges civils, mentionnons la perte de revenu d’emploi ou de pension, le coût des soins futurs et la perte d’avantages accessoires. Dans mon domaine, les actuaires sont aussi appelés à témoigner à titre de témoins experts lorsqu’une affaire est instruite. Comme je n’ai obtenu mon titre de Fellow que récemment, je n’ai pas encore témoigné, mais on pourrait m’appeler à le faire prochainement!
4. Quels aspects de votre travail préférez-vous?
Mon travail me plaît à plus d’un égard. Pour ce qui est de la tâche comme telle, j’aime qu’il y ait un équilibre entre les hypothèses prescrites et le jugement professionnel. D’une part, de nombreux éléments du rapport sont prescrits (par ex., taux d’actualisation, méthodes de calculs) et les règles sont uniformes d’un rapport à un autre. D’autre part, la situation de chaque personne est tout à fait unique (par ex., profession, antécédents professionnels, état de santé, âge, ambitions), de sorte que, même si les règles demeurent les mêmes, il faut porter un regard critique sur chaque rapport pour s’assurer que les hypothèses non prescrites et les approches sont appropriées. Chaque nouveau dossier offre une occasion d’apprendre, d’exercer son jugement et d’affiner ses habiletés à résoudre des problèmes. J’aime aussi l’aspect communication de mon travail. Nos rapports doivent quantifier avec exactitude les pertes financières en question, sans être trop compliqués. Ils doivent être compris aisément par les non-actuaires, les avocats, les juges et les membres du jury, ce qui nous encourage à mener nos calculs et à communiquer avec concision. Enfin, je peux établir mon propre horaire et travailler à distance, ce qui ne gâche rien!
5. Quelles sont vos ambitions de carrière à court terme ?
Mon cabinet m’a nommée associée lorsque j’ai été reçue Fellow. Ce nouveau titre était assorti de nouvelles responsabilités, dont la gestion et l’expansion de l’entreprise. À court terme, j’ai l’intention de parfaire les compétences requises pour ce nouveau rôle. Par ailleurs, nous souhaitons pourvoir un poste d’actuaire adjoint l’an prochain. J’ai hâte d’accueillir un nouveau membre au sein de notre équipe et de lui transmettre les connaissances que j’ai acquises au fil des ans dans le domaine de l’expertise devant les tribunaux. Tout cela apportera des défis en matière de gestion du temps, de communication et d’encadrement, que j’ai hâte de relever.
6. Pourriez-vous nous décrire votre implication auprès de l’ICA depuis que vous avez obtenu votre désignation FICA ?
Je me suis portée volontaire pour organiser le colloque annuel sur l’expertise devant les tribunaux prévu en 2020. J’ai hâte de contribuer aux préparatifs de ce colloque auquel j’assiste depuis 2014 et de voir comment les choses se passent en coulisses. Ce faisant, j’aurai sans doute l’occasion de faire la connaissance de personnes formidables. J’ai aussi offert mes services au groupe de travail chargé de la promotion et de l’expansion du domaine de l’expertise devant les tribunaux. Il est possible que vous me voyiez apparaître dans une webémission ou donner présentation prochainement. Avant d’obtenir mon titre professionnel de FICA, j’ai fait de nombreuses présentations au colloque sur l’expertise devant les tribunaux et j’ai aidé à commander et à compiler des données de sondages menés par Statistique Canada et à diffuser des tableaux sur mesure sur le site Web de l’ICA.
7. Quels sont vos passe-temps?
Je ne crois pas que ce soit un passe-temps, mais, plus que tout, j’aime passer du temps avec mes amis et ma famille. Peut-être est-ce en partie parce que je n’ai pas pu le faire beaucoup durant les années qu’a duré le processus d’examen. J’adore assister à des concerts, découvrir de nouveaux événements intéressants un peu partout en ville et voyager. J’aime aussi lire et me renseigner sur la spiritualité, l’amour et les relations.
8. Quelle est votre destination-vacances de rêve?
Je réponds à vos questions depuis les Bermudes, où je travaille à distance pour deux semaines. Il me semble donc un peu gourmand de penser à ma destination de rêve en ce moment! Je suis très reconnaissante de pouvoir travailler à distance. Les Bermudes sont un endroit magnifique. Plus tôt cette année, j’ai travaillé à distance depuis le Costa Rica! Le Brésil et l’Inde sont deux pays que j’ai toujours voulu visiter, mais où je n’ai pas encore eu l’occasion de me rendre.
9. Quelle est votre devise ?
Essayer tout au moins une fois dans sa vie.
10. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite devenir actuaire ?
Je lui dirais de ne pas se décourager. La liberté que lui procurera la profession en fin de parcours vaut les efforts soutenus qu’exige le processus d’examen. Je lui conseillerais aussi d’explorer les domaines non traditionnels de la science actuarielle. Peut-être existe-t-il un domaine dont la personne n’a jamais entendu parler et qui pourrait susciter chez elle un vif intérêt. Enfin, je lui dirais de prendre du recul. En général, les actuaires ont tendance à s’attarder aux détails. Il faut prendre le temps de faire un zoom arrière et d’examiner l’ensemble du tableau, qu’il s’agisse d’un calcul, d’un rapport, de son emploi ou de sa vie.