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Comment les actuaires adaptent leurs travaux aux risques des changements climatiques

Par Maxime Delisle, FICA, membre de la Commission sur les changements climatiques et la viabilité de l’ICA

Selon un sondage effectué auprès des membres de l’ICA en 2020, seulement le tiers des répondants tiennent compte des risques liés aux changements climatiques dans le cadre de leur travail actuariel, soit une proportion semblable à ce qu’indiquait un sondage de 2019.

Ces résultats indiquent un besoin soutenu et un intérêt croissant de la part de la profession à l’égard de renseignements et de conseils supplémentaires sur le sujet. Régie par la demande, la Commission sur les changements climatiques et la viabilité (CCCV) s’engage à favoriser la sensibilisation des actuaires et à combler les lacunes de connaissances au sujet des risques liés aux changements climatiques.

Objectif

Selon le 13e sondage annuel sur les risques émergents (mars 2020 – ICA/CAS/SOA), les changements climatiques figurent au sommet des risques actuels et émergents. Afin de suivre l’évolution des préoccupations de la pratique actuarielle au Canada, la CCCV a publié une deuxième édition de son sondage sur les risques liés aux changements climatiques pendant l’été 2020.

Afin d’obtenir une rétroaction plus quantitative, on a diffusé deux versions du sondage actualisé de manière à recueillir le point de vue des membres de l’ICA et d’un petit groupe d’actuaires désignés et d’actuaires chevronnés occupant des postes de haute direction. La CCCV est d’avis que ce dernier groupe pourrait apporter un éclairage précieux du point de vue organisationnel.

Le sondage a obtenu 88 réponses de la part des membres et 11 de la part du groupe d’actuaires désignés, soit un total de 99 répondants. À moins d’indication contraire, les résultats présentés ci-dessous représentent les réponses de l’ensemble des répondants.

Principales constatations

  • 26 % des répondants tiennent compte des risques liés aux changements climatiques dans le cadre de leur travail actuariel.
  • 62 % des répondants souhaiteraient obtenir des conseils sur la façon de concevoir des scénarios de changements climatiques. On manifeste également un intérêt marqué à l’égard de renseignements concernant les éléments fondamentaux des risques liés aux changements climatiques et des recherches relatives à ces derniers (chez 50 % des répondants).
  • Chez les répondants (74 %) qui ne tiennent pas compte des risques liés aux changements climatiques dans le cadre de leurs fonctions actuarielles, on a recensé ces trois principaux défis :
    • Le manque de conseils et de données;
    • La difficulté de quantifier les risques et l’incidence sur les hypothèses;
    • Le fait que les risques liés aux changements climatiques ne constituent pas une priorité ou ne sont pas pertinents dans le cadre du travail exécuté.

Les risques liés aux changements climatiques et le travail actuariel

La proportion des répondants qui tiennent compte des risques liés aux changements climatiques dans le cadre de leur travail était sensiblement la même que lors du premier sondage. En 2019, 29 % des répondants avaient indiqué qu’eux ou leur employeur tenaient compte de ces risques. Étant donné la taille relativement restreinte de l’échantillon lors des deux sondages (environ 100 répondants), le résultat de 26 % cette année est essentiellement le même.

Du côté des répondants qui tiennent compte de ces risques liés aux changements climatiques dans leur travail (26 répondants sur 99), il est intéressant de remarquer la répartition des domaines de pratique par rapport à l’an dernier. Les répondants des domaines de l’assurance-vie (50 %) et des placements (63 %) sont en plus forte proportion que l’an dernier, suivis des répondants des domaines des assurances de biens et de la gestion du risque d’entreprise (GRE).

Diagramme 1 : Dans quels domaines de la pratique actuarielle vous ou votre équipe tenez-vous compte des risques liés aux changements climatiques?

On s’attend à des variations d’une année à l’autre compte tenu de la taille de l’échantillon. Par exemple, parmi les répondants qui tiennent compte des risques liés aux changements climatiques dans leur travail, 38 % avaient commencé à le faire il y a plus de cinq ans dans le sondage de 2019, comparativement à 15 % cette année, en dépit de l’année supplémentaire écoulée. Il semble que l’auditoire atteint cette année par le sondage soit différent par rapport à l’an dernier. Il est donc prudent de garder cela en tête au moment d’analyser les résultats. Par exemple, la diminution du côté des assurances de biens n’indique pas forcément une tendance sous-jacente.

Afin de tenir compte des risques liés aux changements climatiques dans le cadre du travail actuariel, 73 % des répondants ont recours à la simulation de crise et à l’analyse de scénarios. Il s’agit de l’outil le plus souvent mentionné par ceux qui tiennent compte de ces risques. Environ 40 % de ces répondants se fient à des études ou à l’expérience de l’industrie, ou se reportent à des études et à des rapports de recherche de climatologues pour obtenir des renseignements supplémentaires au sujet des changements climatiques.

Diagramme 2 : De quelle façon vous ou votre équipe tenez-vous compte des risques liés aux changements climatiques dans le cadre de votre travail d’actuariat? (Réponses les plus fréquentes)

À la question de savoir quelle a été la première mesure prise pour tenir compte des risques liés aux changements climatiques, la plupart des réponses correspondaient à l’une de ces catégories :

  • Procéder à une simulation de crise (30 %);
  • Consulter des recherches et se renseigner au sujet des risques liés aux changements climatiques (22 %);
  • Comprendre l’incidence sur les tendances et les répercussions possibles (22 %)
  • Prendre en considération les facteurs ESG aux fins des placements de l’entreprise ou conseiller les clients à l’égard des facteurs ESG (9 %);
  • Analyser les risques associés aux événements antérieurs et les données historiques (9 %);
  • Autre (9 %).

Accroître la reconnaissance des risques liés aux changements climatiques dans le cadre des travaux actuariels

Ce sondage avait également pour but de comprendre les principaux défis et obstacles que pose l’intégration des risques liés aux changements climatiques dans le travail actuariel. À cette fin, on a ajouté au sondage une question visant à mieux cerner les besoins non satisfaits de la communauté de l’ICA. Bon nombre de répondants éprouvent la même difficulté à établir des liens directs entre les changements climatiques et leur travail. Encore une fois, on a regroupé et résumé les réponses ouvertes, que l’on a attribuées aux catégories suivantes (certaines réponses ont été placées dans plusieurs catégories) :

  • Difficulté de quantifier les risques/répercussions ou d’établir des hypothèses (32 %);
  • Pas une priorité ou non pertinents dans le cadre du travail exécuté (27 %);
  • Manque de conseils (21 %);
  • Manque de données (13 %);
  • Incertitude à savoir s’il s’agit d’un risque pour la profession actuarielle (11 %);
  • Autre (9 %).

La rétroaction ci-dessus nous indique que la plupart des répondants qui ne tiennent pas compte des risques liés aux changements climatiques n’ont pas l’intention de le faire dans un avenir prévisible, soit une proportion (67 %) similaire à celle que l’on a observée dans le sondage de l’an dernier (70 %).

Le sondage visait également à évaluer la pertinence que revêt pour la profession actuarielle une meilleure compréhension des risques climatiques. Les organismes actuariels de partout dans le monde se penchent également sur cette question afin de mieux s’outiller pour faire face à l’incertitude croissante associée à ces risques.

La majorité des commentaires concernant ce sujet en particulier appuient la pertinence d’une meilleure compréhension des risques climatiques chez les actuaires. Une certaine proportion des membres a exprimé une curiosité à l’égard de l’engagement de l’ICA, ce qui constitue une rétroaction utile pour la CCCV. Enfin, une faible proportion des répondants a remis en question la pertinence des risques climatiques dans le cadre du travail actuariel, et certains ont remis en question l’existence même des changements climatiques.

Il n’existe à l’heure actuelle aucune obligation d’intégrer au travail actuariel les risques liés aux changements climatiques. Toutefois, les organismes de réglementation du Canada et de l’étranger se penchent sérieusement sur cette question. Certains répondants ont indiqué ne pas tenir compte de ces risques dans le cadre de leur travail parce qu’ils n’ont pas l’obligation de le faire. D’autres ont laissé entendre que l’ICA devrait travailler en collaboration avec des groupes de l’industrie et des organismes de réglementation dans le cadre d’initiatives portant sur les risques liés aux changements climatiques. À mesure que s’intensifient les changements climatiques, des exigences réglementaires pourraient vraisemblablement être imposées graduellement. Une telle démarche proactive pourrait s’avérer bénéfique pour la profession.

Comme c’était le cas l’an dernier, les résultats du sondage laissent entendre que les membres souhaitent toujours obtenir des conseils en matière de scénarios de changements climatiques, avoir accès à des documents recherche et se renseigner au sujet des éléments fondamentaux des changements climatiques. C’est ce qu’illustre le diagramme 3.

Diagramme 3 : Quels types de renseignements ou de conseils aimeriez-vous recevoir de la part de l’ICA en matière de risques liés aux changements climatiques?

En ce qui concerne les ressources existantes, la majorité des répondants (88 %) étaient au courant de l’existence de l’Indice actuariel climatique. Les principes de l’investissement responsable (en anglais) et la page des ressources de l’ICA en matière de changements climatiques et de viabilité sont d’autres ressources bien connues (40 % des répondants).

Les prochaines étapes

La CCCV remercie les répondants de leurs commentaires précieux. Il est essentiel de connaître la position des membres de l’ICA à l’égard des risques liés aux changements climatique pour établir les priorités de la CCCV. La rétroaction obtenue grâce à ce sondage indique que, pour demeurer une profession de pointe, la communauté actuarielle a besoin de davantage de données et de conseils en la matière.

La CCCV poursuivra ses activités de sensibilisation à l’égard des risques liés aux changements climatiques et continuera de solliciter la rétroaction des membres de l’ICA et des hauts dirigeants. Entretemps, ceux qui le désirent peuvent en apprendra davantage au sujet des changements climatiques et des travaux effectués sur le sujet par d’autres associations actuarielles en consultant la page Ressources de l’ICA en matière de changements climatiques et de viabilité.