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Kris Kerwin : objectifs, visions et la quête d’une zone de confort plus large

Un entretien effectué par Jing Lang, FICA

Nombreux sont ceux et celles qui attribuent à Kristopher (« Kris ») Kerwin, FICA, un âge plus avancé que le sien. C’est peut-être à cause de sa chevelure poivre et sel ou parce qu’il a cinq enfants, mais il n’a pas encore 39 ans. Kris dégage une aura d’humilité et d’assurance tranquille. Pendant ses réunions avec les clients et clientes, toujours vêtu de façon impeccable, il sort un petit carnet mince de sa poche de veston pour noter des points de suivi. Et soyez assurés que ce qu’il écrit sera fait.

Planificateur méticuleux, Kris divise ses matinées en tranches de 30 minutes. Sa journée commence à 4 h 30 tous les jours : avant le réveil de ses enfants à 6 h 45, il profite des petites heures du matin pour du temps personnel, s’occuper de sa correspondance professionnelle, courir sur son tapis roulant ou s’entraîner à l’haltérophilie.

Le dernier objectif de Kris en matière de conditionnement physique est de se joindre au club des 1 000 livres – c’est-à-dire réussir à soulever un total de 1 000 livres en une seule répétition, en flexion des jambes, au développé-couché et au soulevé de terre. Il a très hâte de se joindre au club d’ici la fin de 2024.

Dans cet entretien, Kris Kerwin, vice-président du développement des affaires, GFS Canada au sein de Reinsurance Group of America (RGA), nous fait part de ses réflexions sur la vie et la carrière.

1. Qu’est-ce qui vous motive?

Les objectifs. Toujours les objectifs. Il n’y a rien de tel qu’un bon objectif ambitieux pour me mettre en mouvement. Tous les types d’objectifs me motivent, qu’ils soient professionnels, sportifs ou personnels. La réalisation de nouvelles choses me passionne tellement que j’oublie parfois d’autres choses importantes de la vie qui ne sont pas liées à des réalisations. En revanche, si je me fixe un objectif, je l’atteindrai, c’est certain.

2. Le mois de juillet prochain marquera votre 17e anniversaire au sein de RGA. Qu’est-ce qui vous plaît de cette organisation?

La culture. Tout est axé sur le service aux clients et clientes et le soutien à leur réussite, ce que je trouve vraiment agréable et gratifiant. Je sens que j’ai la latitude nécessaire pour m’exprimer, transmettre des idées et provoquer des changements qui seront bénéfiques pour nos clients et clientes.

3. Vous avez travaillé dans les domaines de la tarification, de l’évaluation et, plus récemment, du développement des affaires. Quel est le volet de chaque domaine que vous préférez?

La tarification

Comme l’a dit Dominic Hains, notre chef de la direction canadien, la tarification de la réassurance présente un bon équilibre entre la tarification directe et les services-conseils en actuariat. On travaille avec des clients et des clientes qui ont des échéances importantes, mais comme ils ou elles connaissent notre domaine, ils ou elles sont en mesure de communiquer leurs besoins et leurs exigences de façon claire et efficace – ils et elles savent ce qu’ils ou elles veulent et comment faire la demande. Nos équipes de tarification voient également une grande variété de produits, ce qui fait de nous des actuaires bien équilibrés. J’ai aussi adoré être exposé à différents aspects de l’expérience client et aux différentes philosophies associées au travail.

L’évaluation

Au départ, j’avais prévu travailler dans le domaine de l’évaluation pendant deux ou trois ans, mais j’y suis resté huit ans! Pendant ces années, j’ai occupé deux fonctions très différentes et stimulantes. D’abord, j’ai dirigé une petite équipe chargée de calculer les réserves en matière de longévité, d’assurance collective, de créanciers et de prestations du vivant. J’ai adoré à quel point il était habilitant de proposer et d’apporter des améliorations aux processus, surtout ceux qui permettent d’économiser du temps et réduire les risques. Les avantages de l’élaboration et du déploiement de ces changements sont multipliés, car vous réutilisez vos processus plus souvent et vous économisez du temps précieux.

Le deuxième poste concernait le capital et le financement, où j’étais chargé du dépôt des rapports relatifs au capital réglementaire, des rapports sur l’examen de la santé financière (ESF) ainsi que de déterminer nos besoins en matière de financement. Ma priorité était de m’assurer que RGA Canada ait suffisamment de capital. L’ESF est un projet extrêmement intéressant et j’invite tous ceux et celles qui veulent savoir de quoi est faite leur entreprise à prendre connaissance du rapport de leur propre entreprise ou, mieux encore, à prendre part à sa rédaction. Vous verrez ce qui génère un capital excédentaire au fil du temps, ce qui l’épuise et les risques les plus importants auxquels votre entreprise est sensible.

Ce poste lié au capital présentait aussi le volet très intéressant du grand débat au sein du secteur au sujet de ce que serait le Test de suffisance du capital des sociétés d’assurance vie (TSAV) en vertu de la norme IFRS 17. Ces réunions ont sollicité beaucoup de matière grise. J’ai eu l’occasion de rencontrer bon nombre de chefs et cheffes de file du secteur et de travailler en collaboration avec eux et elles, et j’ai appris beaucoup plus que je ne m’y attendais.

Développement des affaires

Dès le début de ma carrière, je savais que je voulais travailler dans le domaine du développement des affaires. Vers 2008, j’ai vu une offre d’emploi pour un poste de rêve en développement des affaires au sein de RGA. Je l’ai imprimée, j’ai surligné les exigences du poste, je l’ai accrochée au mur de mon cubicule, puis je l’ai regardée tous les jours. Je savais que je devais acquérir une expérience variée en matière de tarification actuarielle et d’actuariat corporatif pour être en mesure de bien servir nos clients et clientes.

Passons directement à 2022 : j’ai atteint mon objectif. J’occupe des postes en développement des affaires depuis 2022 et j’adore chaque instant. Je me surprends souvent à sourire et à ressentir beaucoup de bonheur et de gratitude à l’égard du travail que j’effectue. J’aime particulièrement passer du temps avec les partenaires clients lors de réunions en personne, prendre connaissance de leurs besoins et trouver des solutions. J’ai l’occasion de collaborer avec des gens vraiment bons et brillants. Il est agréable et gratifiant de mettre tout en œuvre pour les aider à réussir.

4. Vous êtes un ardent bénévole de l’ICA. Parlez-nous de votre expérience de bénévolat.

J’ai tout d’abord fait partie du Groupe chargé de la surveillance du projet sur les maladies graves, de la Commission de recherche. Ce fut ma première expérience de bénévolat. À l’époque, j’avais de jeunes enfants, mon travail était prenant et je me disais toujours « un jour, je vais faire du travail bénévole, mais pas maintenant. » Mon mentor du temps m’a simplement inscrit et m’a dit qu’on trouve toujours du temps pour faire ce que l’on veut vraiment, et il avait raison. C’était agréable, j’ai appris beaucoup et j’ai rencontré de sympathiques collègues du secteur. J’y ai bien trouvé mon compte.

Ensuite, en 2019, j’ai présidé la Sous-commission sur l’assurance individuelle de personnes de la Commission de l’éducation permanente. Nous étions chargés de fournir un contenu relatif à l’assurance individuelle de personnes aux fins du perfectionnement professionnel continu (PPC). Le Congrès annuel de l’ICA constitue le principal événement de PPC, mais il y a aussi des colloques et des webémissions. Dans le cadre de ces fonctions, j’ai aussi rencontré des actuaires incroyablement passionnés de partout au pays. Je me plaisais vraiment et je suppose que ça se voyait.

On m’a ensuite demandé de siéger en tant que président de la Commission sur l’éducation permanente. Ces fonctions étaient semblables à celles que j’exerçais au sein de la Sous-commission sur l’assurance individuelle de personnes, mais j’ai dû abandonner la création des séances individuelles et me concentrer plutôt sur l’objectif de l’ensemble du programme de PPC de l’ICA : les avantages qu’il offre aux membres, la façon dont le programme aide à faire progresser les membres dans leur parcours de carrière et la façon dont l’ICA, dans son ensemble, soutient la croissance et le développement du secteur. Ce que j’aime vraiment de ce rôle, c’est que j’ai l’occasion de collaborer et de façonner la vision de notre commission tout en jouissant du soutien de formidables membres du personnel de l’ICA. Vous seriez étonnés de constater le nombre de courriels et de réunions qui sont nécessaires à la planification du Congrès annuel. Tout cela en vaut la peine lorsque l’événement est couronné de succès.

5. Vous avez organisé plusieurs activités de financement pour votre communauté. Pourquoi cela est-il important pour vous?

Lorsqu’on est chanceux ou chanceuse dans la vie, il est bon de donner à son tour. Faire le bien dans la communauté a toujours été au cœur des valeurs de RGA. Chaque année, l’entreprise nous donne généreusement un jour de congé par année à consacrer au bénévolat, parce que c’est très important pour RGA en tant qu’organisation internationale.

J’ai commencé mes activités de collecte de fonds avec Extra-Life, qui soutient les hôpitaux du réseau Enfant Soleil grâce aux jeux vidéo en ligne. J’ai commencé à diffuser mes parties de jeux pendant le confinement de la COVID-19 et, pendant deux journées en 2021 et 2022, j’ai joué en diffusant toute la journée, et ainsi récolté 3 000 $. C’est à ce moment-là que j’ai compris que si j’étais capable de récolter tant d’argent en restant assis, imaginez combien je pourrais en récolter en y mettant beaucoup d’efforts.

Comme je courais déjà des marathons, j’ai eu l’idée de tenter de courir un 80 km pour amasser des fonds pour un organisme de bienfaisance. J’ai choisi d’amasser des fonds pour Centraide (United Way en anglais). RGA est un grand partisan de cet organisme de bienfaisance extraordinaire qui veille à ce que vos fonds soient versés à des organismes de votre communauté afin d’aider ceux et celles qui en ont le plus besoin. Le 28 avril 2023, j’ai couru les 80 km sur mon tapis roulant et j’ai diffusé en direct les huit heures et demie de ma course. Avec le don jumelé de RGA, nous avons récolté 9 600 $. Ce fut une expérience très gratifiante et j’aimerais la répéter.

6. Vous êtes actuaire, joueur de jeux vidéo, père de cinq enfants, époux, coureur et maintenant haltérophile. Avez-vous des conseils à donner aux pauvres mortels comme nous en matière de gestion du temps?

Tout d’abord, je passe par des phases et je ne fais pas tout cela tous les jours. Mais j’essaie, autant que possible, d’optimiser mon temps. Ma règle générale est simple : choisissez ce à quoi vous voulez consacrer votre temps et énergie. Dans mon cas, je choisis des activités qui me rendent heureux et qui contribuent à ma santé mentale et physique ou à ma carrière. J’ai aussi l’habitude de faire le point pendant la journée et de me demander si je consacre mon temps et mon énergie dans les choses qui comptent. Si la réponse est non, je me recentre et je m’ajuste pour répondre à mes besoins et à mes objectifs. Par exemple, j’ai supprimé plusieurs applications de médias sociaux, qui ne contribuaient ni à mes objectifs ni à mon bonheur. Je regarde la télévision et des films uniquement dans deux contextes : soit en famille, soit sur le tapis roulant.

Mon autre conseil consiste à combiner des activités. Écoutez des livres audios en faisant du conditionnement physique. Rendez-vous au bureau à la course ou à vélo – ajoutez un livre audio à ça et c’est un tour du chapeau! Je tiens à préciser que cela est bien différent du multitâche. Je ne fais pas de multitâche. Beaucoup d’études montrent que l’on perd du temps à passer d’une tâche à l’autre. Je me réserve donc du temps pour me concentrer sur une tâche à la fois, mettant en sourdine les notifications sur mon téléphone et mon ordinateur pour mieux me concentrer.

Enfin, j’ai une arme secrète derrière tout ce que je fais : ma meilleure amie et partenaire, sans qui rien de tout cela ne serait possible. Mon épouse Anh (Hieu Anh Nguyen) apporte un soutien immense à notre famille et à moi, ce qui me permet de me consacrer davantage à RGA, à nos partenaires et à mes objectifs. Sa contribution est incommensurable, et je la remercie infiniment de toutes les façons dont elle contribue à l’épanouissement de notre famille.

7. Que signifie pour vous l’épanouissement personnel?

C’est une grande question. Pour moi, l’épanouissement personnel est le progrès réalisé vers l’atteinte d’un objectif qui se trouvait auparavant hors de votre zone de confort. C’est de porter un regard fier sur son point de départ, sur le chemin parcouru et sur sa destination. L’épanouissement peut être perçu dans toutes les facettes de la vie.

8. Quelle est votre définition de la réussite et de l’accomplissement?

La réussite et l’accomplissement sont des processus continus. Fixez-vous des objectifs, divisez-les en petites étapes, atteignez-les, célébrez ces objectifs, puis répétez le cycle. Plus l’objectif est grand, plus l’est aussi la célébration et plus la durée du sentiment d’accomplissement est longue. Les examens d’actuariat sont une véritable épreuve que nous, les actuaires, avons tous en commun. Lorsque vous réussissez le dernier et que l’épreuve est chose du passé, le sentiment est incroyable. Les sentiments de réussite et de fierté que j’ai éprouvés ont duré plusieurs mois et continuent d’être une source de confiance et d’encouragement pour moi.

9. Quelles sont vos valeurs fondamentales?

Je suis :

  • Fidèle : je suis très fidèle à ma famille, à mes amis et à mes collègues. Lorsque je suis attaché à quelqu’un, je ferais n’importe quoi pour aider cette personne.
  • Responsable : je fais toujours de mon mieux pour tenir mes promesses et communiquer de manière proactive lorsque quelque chose s’écarte du plan.
  • Motivé par les objectifs : c’est probablement la valeur fondamentale qui me décrit le mieux. C’est dans ma nature la plus profonde. Si ce que je fais ne me permet pas de cocher un élément d’une liste, j’ai l’impression de perdre mon temps. Une personne m’a dit un jour que c’était une triste façon de vivre, mais je me sens incroyablement heureux.

10. Pourquoi le club des 1 000 livres?

Après ma course de 80 km, je me cherchais un nouveau défi à relever. Pendant que je courais un marathon en octobre 2023, j’avais beaucoup de temps pour réfléchir et j’ai décidé de passer de la course à pied à l’haltérophilie. Il y a quelques années, j’ai écouté un livre audio sur la musculation qui m’a beaucoup marqué. Je voulais essayer ce programme.

Depuis, je fais de l’haltérophilie cinq fois par semaine. Trois fois sur cinq jours, mon fils de 13 ans m’accompagne. C’est vraiment plus amusant d’avoir un partenaire d’entraînement et c’est un excellent moment de complicité. En mars 2024, lors d’un dîner avec un client, un homme très fort m’a parlé de son objectif d’être admis au club des 1 000 livres. Très peu de personnes y parviennent. Bien sûr, cela m’a interpellé. Plusieurs de mes collègues et moi-même avons décidé de nous lancer dans cette aventure et de rejoindre ce club.

Et pour que ce soit un peu plus particulier, voici mon plan : une fois que j’aurai atteint la capacité de soulever ces poids, je soulèverai « les 1 000 livres » un matin, puis je courrai un marathon en solitaire. Voilà mon nouvel objectif de santé, et je suis très heureux et enthousiaste à travailler à relever ce défi.

Cet article présente l’opinion de l’intervieweuse et du répondant et ne constitue pas un énoncé officiel de l’ICA.