Cet article a été publié initialement dans l'(e)Bulletin de l’ICA.
Le 14 mars est la Journée internationale des mathématiques. Il s’agit non seulement d’une célébration des nombres, mais aussi une célébration des experts qui les utilisent. Grâce à l’expertise en mathématiques, nous nous sommes rendus sur la lune, avons créé le commerce et, heureusement ou malheureusement, modifié la façon dont nous communiquons.
L’anecdote qui suit raconte comment l’absence d’expertise peut nous en rappeler l’importance.
L’importance de l’expertise
Aucun nombre n’est plus étroitement associé aux mathématiques que 3,14159… Pourtant, peu de gens connaissent l’histoire du projet de loi Pi de l’Indiana, une vaine quête visant à redéfinir la constante mathématique la plus connue de toute l’histoire.
En 1894, en Indiana, le Dr Edwin J. Goodwin, médecin excentrique et mathématicien amateur, croit avoir résolu la quadrature du cercle. Il arrive à convaincre le représentant de son État, Taylor I. Record, de présenter le projet de loi 246, qui vise à inscrire dans la loi de l’Indiana sa méthode pour résoudre la quadrature du cercle. Sa méthode consistait, entre autres choses, à fixer la valeur de Pi à 3,2.
Des années plus tôt, il a été prouvé que la quadrature du cercle est mathématiquement impossible, ce qui semble importer peu à Goodwin. Il lui suffit de modifier quelques règles mathématiques fondamentales pour que sa méthode fonctionne.
Enhardi par sa publication dans l’American Mathematical Monthly, Goodwin décrit l’objet du projet de loi comme « une nouvelle vérité mathématique offerte comme une contribution à l’éducation » – un cadeau qu’il offre avec humilité, bonne grâce et sans frais à l’État de l’Indiana.
Le projet de loi sème la confusion à l’Assemblée générale de l’Indiana. Il est transféré d’un comité à un autre jusqu’à ce qu’on le confie au comité de l’éducation. Le 2 février 1897, aiguillonné par l’appui exprimé dans la presse d’Indianapolis, le président du comité de l’éducation, S.E. Nicholson, recommande que la Chambre adopte le projet de loi. À la suite d’un vote unanime de 67 voix contre 0, la loi de Goodwin s’achemine vers le Sénat.
Peu de gens se manifestent pour contester la validité des affirmations de Goodwin, malgré les erreurs grossières qu’elles renferment, jusqu’à ce qu’entre en scène le professeur Waldo, chef du département de mathématiques de l’Université Purdue et président de l’Académie des sciences de l’Indiana.
Le 10 février, le projet de loi arrive au Sénat et est refilé au comité sur la tempérance. Le 12 février, le projet de loi est rejeté.
Résolu à faire rejeter le projet de loi, le professeur Waldo se sert de son expertise pour montrer aux sénateurs comment dénoncer le projet de loi et réfuter l’idée selon laquelle une valeur rationnelle de Pi pourrait mener à la simplification des mathématiques.
Le bon sens l’a finalement emporté, mais le mal était fait. Les nouvelles au sujet du projet de loi s’étaient répandues. L’Assemblée législative de l’Indiana et Goodwin, le créateur du projet de loi, sont devenus la risée de l’est du pays.
Vingt ans plus tard, le professeur Waldo se délectait de sa victoire, en prétendant que « l’Académie des sciences de l’Indiana avait à elle seule évité cette abjection! ». Goodwin, ayant perdu toute crédibilité, a discrètement pris sa retraite pour attendre un éclair de génie qui ne s’est jamais produit.
Morale de l’histoire : lorsqu’il s’agit de concepts mathématiques complexes, fiez-vous toujours aux experts qualifiés.
Les actuaires transforment les nombres en savoir
Au cours du mois des mathématiques, soyez des nôtres alors que nous célébrons l’expertise des actuaires professionnels du Canada, lesquels se servent des mathématiques, de la statistique et des probabilités pour assurer la sécurité financière des Canadiens.
Leur maîtrise des nombres fait d’eux des autorités en la matière et des interlocuteurs crédibles dans un monde d’intellectuels de salon.