D’après un récent sondage sur les risques liés aux changements climatiques mené auprès des membres de l’ICA, moins du tiers des répondants ou leur entreprise tiennent compte de ce risque émergent. Toutefois, un pourcentage élevé des répondants sont d’avis que des conseils et de l’éducation sur l’importance relative des risques liés aux changements climatiques pourraient être utiles pour la divulgation de ces derniers.
Le sondage, mené en juillet 2019 par la Commission sur les changements climatiques et la viabilité de l’ICA (ouverture de session requise), visait à cerner les lacunes et les possibilités liées aux changements climatiques et au travail des membres de l’ICA. La Commission a reçu 100 questionnaires de sondage remplis en entier.
« Nous voulions évaluer le niveau de sensibilisation aux changements climatiques parmi les actuaires canadiens et leurs entreprises respectives », indique Christine Bisson-Roberge, AICA, membre de la Commission. « Nous souhaitions également mieux comprendre les besoins des membres de l’ICA en matière d’information ou de conseils que pourrait fournir l’ICA sur les risques liés aux changements climatiques. »
Principales constatations
Une faible proportion des répondants tiennent compte des risques liés aux changements climatiques. En effet, seulement 29 % des répondants indiquent que ce risque est pris en considération par eux ou leur entreprise.
« Parmi les répondants qui tiennent compte des changements climatiques, 60 % sont du domaine des assurances IARD, 37 % sont du domaine des placements et 35 % de celui de la gestion du risque d’entreprise, ce qui n’est pas étonnant », affirme Mme Bisson-Roberge. Le total dépasse 100 % parce que les répondants pouvaient cocher plus d’une réponse. « Nous savons que les phénomènes météorologiques extrêmes touchent l’industrie des assurances IARD. Il est donc logique qu’on accorde plus de poids aux considérations liées aux changements climatiques dans ce domaine de pratique », ajoute Mme Bisson-Roberge.
Comment tient-on compte des risques liés aux changements climatiques?
Les entreprises qui tiennent compte des risques liés aux changements climatiques le font dans divers volets de leurs activités d’affaires ou actuarielles. La simulation de crise, l’analyse de scénario, l’évaluation interne des risques et de la solvabilité (dispositif ORSA), l’examen dynamique de suffisance du capital (EDSC), la stratégie, la souscription, la tarification et la couverture de produits sont tous des domaines où les actuaires ou les entreprises prennent en considération les risques liés aux changements climatiques, dans une mesure à peu près égale (de 30 % à 40 % des répondants).
Pourquoi les actuaires sont-ils si peu nombreux à tenir compte des risques liés aux changements climatiques?
Les actuaires qui tiennent compte des risques liés aux changements climatiques sont peut-être relativement peu nombreux parce qu’ils comprennent mal comment intégrer ces risques dans leurs analyses. Parmi les actuaires et les entreprises qui ne prennent pas en considération les risques liés aux changements climatiques, 70 % ne prévoient pas le faire au cours des prochaines années et 34 % ne savent pas trop dans quels secteurs de leurs activités ils pourraient commencer à en tenir compte.
Lorsque l’on demande aux répondants si leur entreprise a l’intention de mettre en œuvre les recommandations du Groupe de travail sur la divulgation de l’information financière relative aux changements climatiques (TCFD) du Conseil de stabilité financière, 70 d’entre eux ont dit non et 16 répondants ont dit oui. Parmi les entreprises qui n’ont pas l’intention de mettre en œuvre ces recommandations, 51 % n’ont pas de raisons précises.
« Il est frappant qu’on soit si peu nombreux à travailler à la mise en œuvre des recommandations du groupe de travail, compte tenu du fait que le risque lié aux changements climatiques a été désigné comme l’un des principaux risques émergents dans de nombreux sondages, notamment le 12e sondage annuel sur les risques émergents (disponible en anglais seulement, avec résumé disponible en français) réalisé conjointement par l’ICA, la Society of Actuaries et la Casualty Actuarial Society », souligne Maxime Delisle, FICA, un autre membre de la Commission sur les changements climatiques et la viabilité. « Je pense que la plupart des actuaires reconnaissent les risques liés aux changements climatiques, mais le défi, c’est de mettre en œuvre quelque chose de pratique. » Une plus grande divulgation des risques liés aux changements climatiques et une meilleure compréhension de l’importance relative de ces risques pourraient aider les entreprises dans la mise en œuvre des recommandations du TCFD.
De meilleurs conseils
La majorité des répondants ont indiqué que des conseils seraient utiles pour déterminer la nécessité de tenir compte des risques liés aux changements climatiques dans leur travail et, le cas échéant, la manière de le faire. Parmi les possibilités de ressources qui génèrent de l’intérêt, mentionnons des conseils d’établissement de scénarios sur les changements climatiques, les éléments fondamentaux des changements climatiques, des liens vers des recherches importantes, des mises à jour sur l’Indice actuariel climatique (IAC) et des mises à jour sur l’Indice actuariel des risques climatiques (IARC).
Prochaines étapes
La Commission sur les changements climatiques et la viabilité espère combler les lacunes en matière de connaissances, de renseignements et de conseils au cours de l’année 2020 en communiquant mieux et de manière plus variée sur le sujet. Au programme : des articles, des présentations, des baladodiffusions, des pages de ressources à jour, des webémissions et des colloques.
« Le sondage montre que l’on comprend mal l’incidence des risques liés aux changements climatiques et que celle-ci n’est pas prise en compte dans tous les domaines de pratique actuarielle. Il est donc crucial d’élaborer des conseils actuariels », affirme Mme Bisson-Roberge. « Dès le début de 2020, nous allons créer des conseils pour les domaines des régimes de retraite, des investissements, des actuaires IARD ainsi que pour les simulations de crise et l’analyse de scénario, selon l’ordre de priorités indiqué par les répondants au sondage. »
Christine Bisson-Roberge discute davantage du sondage dans un épisode de la série de balados Voir au-delà du risque :