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L’Institute for Health Metrics et le fardeau mondial de la maladie

Par Nicole Bond Edwards

La santé de la population est importante

Si nous voulons sauver le plus grand nombre de vies possible, que devrions-nous cibler? En tant que professionnels et professionnelles du secteur de la santé cherchant à améliorer le bien-être d’autrui, nous devons répondre à plusieurs questions fondamentales, dont les suivantes :

  • Qu’est-ce qui fait que l’état de santé de gens de nos collectivités locales est sous-optimal?
  • Que devrions-nous cibler pour améliorer les résultats en matière de santé maternelle à l’échelle mondiale?
  • Comment évaluer l’incidence et l’efficacité d’une intervention sanitaire?
  • Quels sont les risques modifiables qui contribuent à la morbidité et à la mortalité et comment évoluent-ils au fil du temps?
  • Quels sont les résultats en matière de santé qui nécessiteront une attention accrue d’ici 2050?
  • En quoi les données impartiales peuvent-elles renforcer la confiance auprès de nos principales parties prenantes?

Ces questions pressantes sont au cœur des discussions qui ont cours entre les responsables des politiques, les chefs d’entreprise, les philanthropes et les décideurs dans divers secteurs et à l’échelle mondiale.

Pour répondre à ces questions, il importe au plus haut point de disposer de rapports détaillés, complets et opportuns sur la santé de la population en fonction des causes sous-jacentes d’invalidité et de décès prématuré. Ces données jouent un rôle crucial dans la prise de décisions s’appuyant sur des données probantes solides ayant pour but de s’attaquer aux complexités du fardeau des maladies et des blessures au fil du temps et selon les groupes d’âge, le sexe et les régions.

C’est dans le but de répondre à ces questions que l’Institute of Health Metrics and Evaluation (IHME) a été mis sur pied et que la Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors study (GBD) a été mise en œuvre. L’IHME est un institut de recherche sur la santé de la population établi à l’Université de Washington. Il s’agit d’un centre d’excellence mondial en matière de données et d’analytique dans le domaine de la santé. L’étude GBD, un projet de recherche phare mené par l’IHME, quant à elle, représente la plus grande entreprise scientifique ayant pour but de mesurer les tendances et les niveaux en ce qui concerne la santé de la population. L’unité des services à la clientèle de l’IHME, qui fonctionne comme une entreprise sociale au sein de l’université, sert à faciliter l’utilisation de cette recherche dans le secteur privé.

Les quatre piliers de l’étude GBD

L’étude GBD a notamment pour but d’assurer la quantification complète de la perte de santé dans chaque pays et au fil du temps, de manière à favoriser l’amélioration des systèmes de santé et de résoudre les inégalités. Ce travail, qui est soutenu par l’apport de plus de 11 000 collaborateurs et collaboratrices à l’échelle mondiale, permet d’obtenir de nombreuses mesures de la santé, dont des estimations de l’incidence, de la prévalence et de la mortalité propres à une maladie. Il présente en outre des mesures sommaires du fardeau de la morbidité qui révèlent le niveau d’incapacité associé à divers problèmes de santé, ainsi que la vie en bonne santé perdue en raison de la mortalité prématurée et du fait d’un état de santé sous-optimal.

L’étude GBD produit également des estimations globales de l’espérance de vie et de l’espérance de vie ajustée en fonction de la santé. Ces estimations permettent de mieux comprendre comment la longévité accrue est susceptible d’entraîner une augmentation du temps passé à lutter contre une mauvaise santé. L’étude fournit également des paramètres permettant de quantifier le fardeau de la maladie attribuable à des facteurs de risque modifiables, notamment les risques comportementaux, métaboliques et environnementaux.

Les données de la GBD reposent sur quatre principes :

  1. L’exhaustivité : des estimations sont disponibles pour toutes les combinaisons de région, groupe démographique, année, mesure et problème de santé. Lorsque les sources de données d’entrée sont très incohérentes ou que les données sont rares, on produit tout de même une meilleure estimation, ainsi que des mesures de l’incertitude.
  2. La comparabilité : la cohérence des méthodes et des mesures facilite les comparaisons dans le temps et dans l’espace, ainsi qu’au sein des populations étudiées et entre elles.
  3. La cohérence interne : notre approche hiérarchique à l’égard de la classification de tous les risques et résultats en matière de santé fait en sorte que nos estimations sont exhaustives collectivement et exclusives mutuellement.
  4. La transparence : chaque estimation est assortie d’une marge d’incertitude et toutes les méthodes sont vérifiées et publiées dans des documents évalués par les pairs.

Compte tenu du caractère ambitieux de ses objectifs et de sa portée, le projet GBD est confronté à certaines limites. Comme mentionné, l’étude GBD mesure la santé de la population mondiale. Il est nécessaire de procéder à une analyse supplémentaire pour obtenir des indications directes concernant une population assurée, hospitalisée ou plus ciblée.

Le vaste éventail de sources de données, lesquelles comportent chacune leurs biais éventuels, allié à des lacunes dans les données pour certaines régions et années, complique l’analyse de certains résultats dans l’étude GBD ou le suivi des données individuelles au fil du temps. La force de l’étude réside plutôt dans l’ampleur des estimations produites. La solidité (ou l’absence) des données probantes concernant de nombreuses corrélations possibles entre les risques et les résultats constitue également une limite.

« La démarche de l’étude GBD à l’égard de la synthèse de ces données probantes se fonde sur des règles. Ses conclusions peuvent donc différer des évaluations qui accordent plus d’importance aux avis de spécialistes qu’aux données probantes. »

Usages actuariels des données issues de l’étude GBD

Vu l’étendue de l’étude GBD, elle peut être utile dans plusieurs domaines pour éclairer l’établissement d’hypothèses, améliorer les modèles et renforcer de manière générale les données utilisées et les résultats produits dans les cas d’usage actuariel. Voici quelques exemples d’utilisation que font les actuaires des données issues de l’étude GBD :

Établissement d’hypothèses et classification des risques :
  • Recours à des mesures de l’incidence et de la prévalence aux fins de l’établissement d’hypothèses dans le cadre de polices d’assurance maladies graves.
  • o Recours à des mesures d’années de vie perdues par cause qui établissent la mortalité prématurée attribuable à un trouble de santé afin d’étayer la classification des risques pour des candidats à l’assurance vie.
Analyse comparative :
  • Analyse comparative de données internes ou sectorielles afin de quantifier les différences qui existent entre la population étudiée et la population générale.
  • Compréhension des facteurs qui influent sur la mortalité, ce qui favorise la prise de meilleures décisions et une tarification plus précise, en particulier en ce qui concerne les projections de l’évolution de la mortalité.


Stratégie d’affaires et prévisions :

  • Orientation de la stratégie en matière de santé des employés et des programmes de bien-être en cernant les facteurs de risque et les conditions les plus susceptibles d’entraîner une perte de santé.
  • Recours à des scénarios de santé prévisionnels en ce qui concerne le fardeau de la maladie, la mortalité et la longévité afin d’éclairer les projections des résultats opérationnels.
  • Quantification des attentes relatives aux nouveaux marchés selon les différences dans les mesures de l’étude GBD entre les pays alliées aux données antérieures relatives aux marchés existants.
  • Quantification des attentes relatives aux nouveaux produits ou des changements en matière de souscription en s’appuyant sur les mesures issues de l’étude concernant les conditions qui sont pertinentes à l’égard des nouvelles caractéristiques.

Établissement d’hypothèses globales :

  • Dans le cas des pays pour lesquels il n’existe pas de tables de mortalité ni de tables d’amélioration de la mortalité crédibles, recours aux tables de survie de l’étude GBD aux fins de l’établissement d’hypothèses générales.

Conseils adaptés et tables personnalisées :

  • Établissement de conseils adaptés en matière de santé individuelle en s’appuyant sur l’exposition aux facteurs de risque et les diagnostics déclarés.
  • Création de tables de mortalité personnalisées selon l’exposition individuelle aux facteurs de risque.

Outre les usages actuariels présentés ici, les applications concrètes sont très vastes. Elles s’étendent des sciences de la vie, de la biotechnologie et des dispositifs médicaux à la gestion de la chaîne d’approvisionnement, en passant par la technologie et bien d’autres domaines. L’IHME outille les décideurs du monde entier d’indications fondées sur des données qui leur permettent de prendre des décisions stratégiques en toute confiance.

Cet article présente l’opinion de son autrice et ne constitue pas un énoncé officiel de l’ICA.