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Voici les API (interface de programmation d’applications)

Par Harrison Jones, ASA, solutions d’actuariat et d’assurance chez Deloitte, et Bernice Lim, FICA, expertise-conseil en actuariat chez Oliver Wyman

La plupart des actuaires travaillent avec des données et construisent des modèles, mais savent‑ils comment faciliter la distribution de leurs données et de leurs modèles? Bien sûr, les courriels et les dossiers partagés peuvent accomplir cette tâche, mais comment maintenir un niveau approprié de gouvernance et de normalisation en ce qui concerne ce qui est partagé? Cet article vise à présenter l’idée des interfaces de programmation d’applications (API) aux actuaires qui ne les ont peut-être pas envisagées comme une façon de distribuer leurs données et leurs modèles.

Qu’est-ce qu’une API? 

Une API est un point de connexion qui permet à différents ordinateurs ou applications logicielles d’interagir entre eux. Ces interactions ne se limitent pas aux systèmes internes d’une entreprise, car elles permettent la communication entre les ordinateurs connectés à Internet.

Grâce aux API, un programme ou un serveur peut contrôler l’accès à ses ressources en rendant certaines pièces accessibles à l’externe tout en gardant les autres cachées. Les API sont classées dans différentes catégories (p. ex. SOAP, REST) et chaque catégorie a ses propres protocoles et sa propre architecture. Ces protocoles définissent les règles et le format de fonctionnement de l’API, et ils doivent être pris en compte lors de la sélection des protocoles d’API pertinents.

Pourquoi les API nous intéressent‑elles? Elles peuvent être appliquées à différents aspects d’une entreprise. Pertinente pour les actuaires, une API permet aux utilisateurs d’accéder à des logiciels et d’en extraire des données qui peuvent être utiles pour l’analyse actuarielle, d’élargir la fonctionnalité d’un modèle actuariel tout en tirant parti d’autres logiciels internes ou externes, et d’intégrer différents systèmes au sein d’une entreprise pour maximiser le potentiel et automatiser les processus afin d’accroître la productivité.

Comment les assureurs utilisent‑ils les API?

Les API peuvent ajouter de la valeur dans plusieurs secteurs d’une société d’assurance, dans la foulée des efforts de transformation numérique essentiels dans le monde actuel. Nous examinerons plusieurs usages courants des API dans le secteur des assurances.

Activités des sociétés d’assurance

Un assureur peut avoir ses propres API pour rationaliser ses opérations et relier différents outils au sein de son entreprise. La cohérence entre les systèmes grâce aux API facilite le déploiement de nouveaux systèmes ou modèles. Elle encourage également la collaboration au sein d’une entreprise pour générer une plus grande valeur opérationnelle, par exemple en permettant à une équipe chargée de l’analytique d’accéder plus rapidement et plus largement aux données de l’entreprise.

Gestion des titulaires de polices

Le traitement des demandes de règlement en assurance peut être plus efficace lorsque les clients soumettent leurs demandes à l’aide d’un système numérique de traitement des sinistres intégré aux autres systèmes d’un assureur au moyen d’API. Par exemple, dans le secteur de l’assurance automobile, le traitement des demandes de règlement peut être accéléré en permettant aux titulaires de polices de joindre des photos à leurs demandes et d’obtenir plus rapidement une approbation que par l’entremise des demandes de règlement traditionnelles sur papier.

Marketing et ventes

Les API offrent des occasions d’étendre le marketing au-delà des réseaux traditionnels et d’améliorer les processus de demande de règlement en assurance. Les assureurs peuvent s’associer à des tiers pour offrir leurs produits sur des plateformes externes. Par exemple, Lemonade, une société d’assurance numérique, a lancé une API publique qui permet à ses partenaires d’offrir des polices d’assurance Lemonade par l’entremise de sites Web et d’applications de tiers. En outre, les API peuvent simplifier les différentes étapes du processus de demande de polices, y compris la présentation des demandes, la soumission des primes et la souscription.

Comment les actuaires utilisent‑ils les API?

Pour les actuaires occupant des postes traditionnels, l’utilisation des API se limitait souvent à en définir les exigences. Une personne chargée du développement adoptait ces exigences et construisait l’API pour l’actuaire. Par la suite, l’utilisation se limitait habituellement à :

  • Mettre à jour ou gérer le modèle technique se trouvant à un point terminal de l’API;
  • Recevoir les données à partir d’une demande d’API (la demande étant élaborée par une autre équipe).

Toutefois, de nouvelles possibilités sont apparues à mesure que les actuaires ont acquis davantage de connaissances en technologie et en langages de programmation. Plutôt que de simplement définir les exigences des API, les actuaires peuvent maintenant construire eux‑mêmes les composantes des API. Les exemples suivants d’utilisation en actuariat, qui étaient autrefois limités par les compétences ou les limites du système, peuvent maintenant être améliorés par les API, le dénominateur commun étant que les API facilitent une communication plus rapide et plus fiable entre les différents systèmes :

  • Un algorithme de tarification avancé pour une société d’assurance automobile des particuliers;
  • Un algorithme de classification de la souscription pour une société d’assurance de personnes;
  • Un algorithme qui aide à détecter les demandes de règlement frauduleuses pour une société d’assurance offrant un produit d’invalidité de longue durée.

Quel logiciel est disponible pour créer des API et interagir avec elles?

De nombreuses options s’offrent aux actuaires qui veulent accroître leurs capacités de création et d’interaction avec les API (le développement du côté serveur requis pour la mise en place d’une API n’est pas abordé ici. On suppose que les actuaires s’en remettraient à des équipes de soutien en TI et en infrastructure pour faciliter cet élément du cycle de développement des API) :

Postman

Postman est une plateforme gratuite pour construire et gérer des API. Elle est largement utilisée; en avril 2022, Postman a déclaré plus de 20 millions d’utilisateurs inscrits et 75 000 API ouvertes. Postman possède certaines caractéristiques qui simplifient le processus, mais elle est surtout utilisée par des développeurs qui privilégient un environnement comportant beaucoup de code.

R (plumber)/Python (Flask)

R et Python sont des options intéressantes pour les actuaires qui travaillent dans l’un de ces langages de programmation. Ceux‑ci exigent des connaissances intermédiaires à avancées – ce qui n’est pas un problème pour les actuaires qui possèdent de solides antécédents dans ces domaines.

Coherent (Spark)

Avec son logiciel Spark, Coherent est une plateforme de développement sans code qui sert à transformer les feuilles de calcul Excel en API. En raison de la popularité de longue date d’Excel auprès des actuaires, Coherent Spark est une option convaincante pour les actuaires qui veulent plonger dans l’univers des API, mais qui veulent également continuer d’utiliser Excel pour construire des modèles.

Conclusion

Les API sont largement utilisées depuis le début des années 2000 dans le secteur des assurances. Toutefois, les actuaires ont généralement été et continueront probablement d’être en périphérie du développement des API. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Le développement des API nécessite la maîtrise d’un certain ensemble de compétences, ce qui convient bien aux personnes ayant une formation en informatique (à moins d’utiliser une solution de rechange avec peu ou sans code comme Coherent Spark).

Cela dit, les actuaires doivent reconnaître que les API sont souvent utilisées pour distribuer des versions prêtes à la production pour leurs données et leurs modèles. La compréhension des principes de base des API, même à l’étape de l’élaboration d’un modèle, pourrait grandement contribuer à améliorer le contrôle et la stabilité des activités d’un assureur.

Cet article présente l’opinion des auteurs et ne constitue pas un énoncé de l’ICA.